Star Ocean : The Divine Force relance bien la licence
Star Ocean occupe une place à part dans l’univers du RPG japonais. Paru en 1996 sur Super Famicom, le premier opus a créé l’événement. En effet, il s’agissait du premier jeu de la Wolf Team chez tri-Ace (pour le compte d’Enix, à l’époque), débauché suite au succès de Tales of Phantasia. Pendant longtemps inaccessible pour nous autre européen, cet excellent titre est enfin paru chez nous sous le titre Star Ocean : First Departure R, un petit bijou que je vous recommande chaudement. Ensuite, ce sont pas moins de six titres qui ont suivi, à la réussite variée, et j’espérais que ce Star Ocean : The Divine Force rejoigne le haut du panier .Et surtout fasse oublier l’échec cuisant de l’opus Integrity and Faithlessness.
Adieu Fidel Camuze donc, le héro du jeu sorti il y a six ans, et je ne te regretterai pas. Bienvenue aux deux protagonistes principaux : Raymond Laurence, et Laetitia Aucerius. Le premier est un marchand vagabondant dans l’espace, quand son vaisseau est attaqué et s’échoue sur la planète de la seconde. Sur Aster IV, donc, Laetitia est la fille d’un des rois, et un conflit engage deux Royaumes. Vous le voyez venir : si, au départ, Raymond va surtout tenter de quitter le plus vite possible l’endroit, il n’aura d’autre choix pour cela que d’aider la princesse. Le récit de Star Ocean : The Divine Force est on ne peut plus classique pour un RPG japonais, et nul doute qu’il fonctionnera sur les fans de ce genre (dont votre humble serviteur). Je regrette simplement un premier quart de cheminement un peu long, avec des allers et venus qui ont du mal à nous engager. Et l’univers, globalement, manque de détails, de missions annexes le développant. Bonne nouvelle : les sous-titres (un peu petits, j’aurais aimé les agrandir) sont assurés en français, ce qui n’a pas toujours été le cas pour la licence, donc merci Square Enix car ce n’était pas une évidence.
La belle idée de l’écriture, c’est le choix de l’avatar. Star Ocean : The Divine Force vous propose donc de vivre cette aventure sous deux points de vue différent, celui de Raymond ou de Laetitia. Si le cœur de l’intrigue ne bouge pas, il y aura tout de même des différences apportant des précisions sur certains événements que je vais soigneusement éviter de vous dévoiler. Bon, c’est aussi un bon moyen d’allonger la durée de vie, mais j’aime toujours ce genre de contenu, on y revient quelques semaines plus tard avec plaisir. Ces deux héros proposent évidemment un gameplay assez différent, entre corps-à-corps avec différentes lames, et magies. Petite incompréhension de ma part : je me demande pourquoi tri-Ace a décidé de rendre les autres personnages de la team jouables, car du coup le double point de vue perd de son intérêt dans le pur gameplay. Toujours est-il que les sensations sont bien différenciées, encore une bonne chose.
Une histoire sympathique, très typique des J-RPG
Star Ocean : The Divine Force est clairement l’épisode de la licence le plus tourné vers l’action, mais aussi le plus ouvert. Les combats se déroulent sans transition, et les ennemis sont visibles à l’écran. La possibilité d’une pause tactique vous sauvera la mise sur certaines joutes et, comme écrit plus haut, il est possible de passer d’un personnage à l’autre histoire de bien exploiter les faiblesses ennemies (très utile contre les boss). Grosse emphase sur les combos, tandis que le petit twist vient de la présence du D.U.M.A., un compagnon volant et robotique qui me rappelle furieusement de celui de NieR Automata. Il propose sa propre courbe de progression, lance des attaques hypers rapides (parfaites pour prendre les adversaires par surprise), mais aussi vous permet de mieux vous défendre avec des barrières. Globalement, les combats ont une sacrée énergie, il s’agit clairement du gros point fort de cet opus.
Le D.U.M.A. a aussi un véritable intérêt en-dehors des batailles, pendant une exploration paradoxalement aussi réjouissante que décevante. Oui, comme annoncé par tri-Ace, Star Ocean : The Divine Force est l’épisode qui propose le plus ample sentiment de liberté. Et d’assez loin. Il s’agit d’un semi-monde ouvert, avec des zones assez imposantes à la clé. Par contre, elles sont malheureusement assez vide d’animations. Notre petit robot permet bien de pouvoir dénicher des trésors, ou de nous propulser dans les airs afin de récupérer des orbes dont il a besoin pour évoluer, mais c’est bien maigre finalement. Dommage, voilà une piste d’amélioration pour le prochain épisode. Toujours au rayon des déceptions, les menus sont un véritable bordel, il n’y a pas d’autres mots pour les qualifier. C’est écrit trop petit, on s’y perd régulièrement, et c’est un enfer pour gérer l’équipement.
Très bon contenu, avec deux personnages jouables
La durée de vie d’un J-RPG est l’une des composantes que les fans observent le plus, et je trouve que celle de Star Ocean : The Divine Force est parfaitement équilibrée. L’histoire, assez classique, ne demandait pas plus de trente heures de traitement, et c’est justement le chiffre exact en ligne droite. Si vous voulez tout voir, il faudra ajouter au moins dix heures. Ce n’est pas tout : doublez tout ça, puisqu’un autre personnage est jouable. Même si elles ne sont pas passionnantes, je conseille tout de même de ne pas mettre de côté les quêtes annexes, car elles débloqueront des pans entiers de gameplay. Comme l’artisanat, qui se découvre au fur et à mesure. On a aussi l’Es’owa, un jeu d’échec aux règles plus profondes qu’il n’y paraît, avec tout un système de classes. Enfin, j’ajoute les petites scènes pour développer les liens dans l’équipe, ainsi que plusieurs fins disponibles, et j’obtiens un contenu bien solide.
Malheureusement, Star Ocean : The Divine Force est moins réussit dans sa technique. Attention, c’est loin d’être moche, mais les textures ont de l’âge, et surtout les animations manquent de naturel. Les zones semi-ouvertes font vides, mais les villages relèvent un peu le niveau, chacun ayant sa propre personnalité bien développée. Pour ce qui est de la direction artistique, elle m’a enchanté en se basant sur ce qu’on aime depuis tant d’années dans le J-RPG. J’entends déjà les cris d’orfraie de testeurs, aux relents coloniaux, qui voudraient que la culture du monde entier se rapporte à un quelconque jeu de Naughty Dog (berk). Bah non, ce n’est pas le cas, et ici point d’obèses ni de femmes qui se négligent. Oulala, le héro a du muscle, et les filles sont jolies, quel scandale, mais que fait la police du cancel ! Bref, c’est bon enfant, agréable à l’œil, et ça me rappelle à quel point le jeu vidéo du début des années 2000 était bien plus paisible. Quant à la bande originale, signée par l’immense Motoi Sakuraba (Tales of Arise, Elden Ring, Golden Sun, Valkyrie Profile Lenneth, excusez du peu), est comme d’habitude excellente.