Scars Above, une bonne surprise à découvrir sans hésitation
Lors de la présentation de son label Prime Matter, Plaion m’avait surpris en nous présentant une assez longue phase pour un titre pourtant inconnu au bataillon : Scars Above. C’était une bonne chose, car l’industrie vidéoludique manque de courage en ce moment, et découvrir une nouvelle IP reste assez rare de nos jours. De plus, l’étonnement continuait quand l’identité du studio au développement fut dévoilée. Mad Head Games, boîte basée en Serbie, n’était jusqu’ici connu que pour des expériences casual (Donna Brave, Adam Wolfe), de bonne tenue certes mais clairement passé inaperçues. Le titre ici testé étant le premier depuis leur rachat par Saber Interactive (filiale de Plaion, donc d’Embracer Group, vous suivez ?), je m’attendais à des ambitions plus marquées. Et, bonne surprise, le résultat dépasse même mes attentes.
Première bonne nouvelle, l’histoire s’inscrit dans un univers SF très maitrisé. L’action de Scars Above se déroule dans un futur lointain, alors que l’humanité est désormais certaine de ne pas être seule dans l’univers. Comment ont-ils compris ce fait pourtant évident ? En découvrant, en orbite, une immense et inquiétante structure alien. Cette dernière est vite baptisée Metahedron, et une équipe de scientifiques, la SCAR (pour Sentient Contact Assessment and Response) est envoyée sur place. Vous le sentez venir, cet élément imprévu qui va tout bouleverser ? Il arrive. L’équipe, emmenée par notre avatar Kate Ward, va se faire projeter à l’autre bout de la galaxie, bien loin de notre système solaire, sur une planète inconnue. C’est dans cet environnement très hostile que notre héroïne se lance à la recherche de son équipage, aidée par un hologramme extraterrestre apparemment bienveillant. Vous l’avez compris, le but sera de retourner sur Terre, mais non sans en découvrir plus sur ces aliens. Le récit est certes assez linéaire, j’ai beaucoup apprécié le fait d’incarner un avatar en position de permanente découverte. Ainsi, le sentiment de surprise est décuplé, surtout que l’univers est approfondi bien à bon rythme. Et tout est sous-titré en français, excellent pour l’implication.
Scars Above est un TPS, avec des mécaniques issus du Souls-like et du RPG. Mais ces deux influences ne sont pas traitées de manière jusqu’au-boutiste. Surtout la première, donc la difficulté n’est pas à s’en arracher les ongles, rien à voir par exemple avec un Wo Long : Fallen Dynasty. On a donc la faculté de revivre après l’échec, justifiée par un aspect du scénario que je laisse sciemment mystérieux. Le début de l’aventure nous fait découvrir un avatar assez faible, clairement en position d’infériorité sur cette planète hostile, et c’est très réussit. Ainsi, l’on se jette sur le moindre point de sauvegarde (lesquels régénèrent aussi bien l’énergie que les munitions), même si ceux-ci font revivre les monstres précédemment trépassés. Se défendre contre ces créatures passe évidemment par l’attaque, le soft restant avant tout un jeu de tir à la troisième personne. avec à terme quatre armes que l’on peut sélectionner à la volée grâce à la croix directionnelle. Comme l’on incarne une scientifique, ces flingues (qui pourront d’ailleurs balancer des tirs de différents types), mais aussi les autres outils plus liés à l’exploration, pourront être améliorés de différentes façons -plans, technologies aliens). Aussi, sachez que l’expérience propose une bonne dose de corps-à-corps, avec une sorte de découpeur laser très efficace en mêlée.
Un TPS aux mécaniques solides et à l’ambiance SF vraiment réussie
Qui dit armes améliorables et exploration dit début de mécaniques light-RPG. Oui, Scars Above propose tout un système d’évolution, et assez d’importance à l’exploration pour que l’expérience s’inscrive dans ce genre. Kate pourra avoir accès à un arbre de compétences assez fourni, avec des bonus déblocables grâce à des points d’XP glanés en collectant des données aliens. D’où l’importance de notre scanner, afin de gagner en connaissances. Notre héroïne, si elle débute clairement en victime ambulante, gagne assez rapidement en puissance. Et heureusement car le bestiaire va la mettre à l’épreuve plus que de raison. C’est ici que je dois aborder l’un de mes petits reproches : ces monstres ne sont pas assez nombreux, ce qui fait naitre un léger sentiment de redondance. Cela se ressent d’autant plus que chacun apporte sa dose d’exploitation de l’arsenal, avec des points faibles et des résistances, du coup on en demande plus. Aussi, l’exploration est certes récompensée, elle se fait tout de même dans des zones assez étriquées, au level design un poil trop prudent. Dommage, car les décors vraiment impressionnant auraient pu pousser les développeurs à faire preuve de plus d’imagination dans ces deux domaines. Cela se vérifie d’ailleurs dans les combats de boss, très satisfaisants, et surtout apportant un peu de folie au design. D’autres bonnes idées viennent encore atténuer ces deux regrets, comme la gestion de l’hypothermie ou de l’endurance, du coup on pardonne aisément.
Scars Above restant avant tout un TPS, sa durée de vie est tout à fait dans la moyenne du genre. Comptez donc sept heures pour terminer une run sans trop regarder à côté, mais une dizaine pour qui veut tout trouver. Par contre, il est dommage que le titre n’engage pas plus à la rejouabilité : pas de modes bonus, ni de new game plus. Visuellement, le jeu se tient globalement correctement, surtout grâce à une direction artistique solide. L’ambiance est pesante dans ces marécage baignés de brouillard, et les développeurs ont fait marcher leur imagination pour tout ce qui est faune et flore. Les amateur de science-fiction bien dark seront aux anges. Par contre, la pure technique ne peut cacher des moyens assez limités. Les textures font parfois vieillottes, les différents effets de matière aussi. Tout ce qui est animation est plus digne d’une PlayStation 4 que de sa petite sœur, et même les cinématiques ont ce rendu un peu en retrait. Je suis donc partagé, même si, comme d’habitude, je préfère mettre en avant les qualités purement artistiques que techniques. Enfin, la musique ne m’a laissé que de bons souvenirs, dans un style parfaitement adapté à l’univers.