Final Fantasy I Pixel Remaster, une meilleure édition qu’espéré
On se revoit, voilà quelques mois, à regarder fiévreusement le Square Enix Presents de l’E3 2021. Les oreilles de votre humble serviteur avait reçu quelques indiscrétions, nous savions qu’il se passait quelque chose autour des Final Fantasy en 2D. Et effectivement, c’était bien le cas… mais pas forcément comme on s’y attendait. Au-delà d’une annonce peu reluisante, aujourd’hui il est grand temps de vous rendre un verdict plus positif qu’espéré, tout d’abord avec Final Fantasy I Pixel Remaster.
C’est donc par un gros, très gros morceau du jeu vidéo que l’on débute ce tour d’horizon des trois premiers remasters. Et ne croyez pas qu’il faut le prendre par-dessus la jambe du fait du grand âge de FF I ! Certes, Final Fantasy I Pixel Remaster s’inscrit, comme son titre l’indique, dans une volonté (partielle) d’exactitude, mais au-delà du terreau il y a la plante. Ce jeu n’est pas historique pour rien, deux faits le rendent plus que culte. La première, son statut de soft salvateur. En 1987, quand le titre sort au Japon, Square était au bord de la faillite. D’où le « Final » « Final Fantasy », eh oui ! Ensuite, il s’agit du premier vrai grand coup de Hironobu Sakaguchi, concepteur puis producteur dont le talent éclaboussera l’industrie pendant de nombreuses années, avant d’inexorablement (et tristement) s’estomper.
Jouer à Final Fantasy I Pixel Remaster, c’est d’abord sentir tout le poids d’une légende sur ses épaules. Il est nécessaire de respecter non pas le travail sur cette version, qui peut évidemment créer le débat, mais ce qui sert de socle. Cette base est pourtant ultra-rétro, et va sans doute rendre chèvre certains aventuriers du dimanche. Car oui, FF I appartient à une autre époque, celle des J-RPG sans véritables quêtes annexes, au récit approximatif et, surtout, à la difficulté d’un autre temps. Les vrais archéologues, eux, savent où ils mettent les pieds, connaissent le danger que représente le moindre donjon si l’on n’a pas assez assez pratiqué le levelling avant. Mais avant de revenir sur tout ça, voyons de plus près ce qui nous est proposé.
Le récit est secondaire, mais le background très intéressant
Final Fantasy I Pixel Remaster va contenter les puristes, ceux qui recherchent les même sensations que ce que l’on éprouvait sur Famicom ou Nes. Côté histoire, cela se traduit par une exactitude jusqu’au-boutiste, ou presque : les sous-titres sont disponibles en français. Même si les habitués de l’émulation ne sourcilleront pas, pour les joueurs respectueux c’est une véritable aubaine, que l’on regrettait assez amèrement lors des sorties de Dragon Quest I, DQ II et DQ III. Pas que le récit soit touffu, il est même simpliste, mais ça pourra grandement aider quand un PNJ nous envoie chercher un objet dans un lieu précis. Espérons que les prochains remasters de Square Enix aient tous droit à ce genre de traitement, on se souvient d’ailleurs de l’effet positif que cela a eu sur Legend of Mana.
L’histoire, donc, se fait jusqu’au-boutiste dans sa fidélité au jeu d’origine. Il est toujours question d’un cheminement assez basique, mais d’un backgroud pas si inintéressant, d’ailleurs bientôt complété par Stranger of Paradise : Final Fantasy Origin. L’action se déroule dans un monde couvert en partie de trois continents, et ayant subi une sorte d’apocalypse. En effet, les cristaux du feu, de la terre, de l’eau et du vent, très importants pour l’équilibre des éléments, ont noirci, provoquant des catastrophes en chaine. Et c’est dans ce marasme qu’un groupe d’aventuriers, les quatre guerriers de la Lumière, va partir dans une quête non pas d’apprentissage, pour une fois dans le J-RPG, mais salvatrice. Et pour sauver le monde, il va falloir aller tuer l’ignoble Chaos. Oui, la situation est plus sombre que ce que l’on peut imaginer, et cela va sûrement surprendre agréablement.
Final Fantasy I mise tout sur les combats
Soyons clairs : Final Fantasy I Pixel Remaster s’appuie sur un jeu qui ne mise pas à fond sur son histoire. Côté narration, c’est le minimum syndical, et l’on ne pouvait pas attendre mieux d’un soft Famicom. On accepte donc, puisque c’est l’angle de ce remaster, et l’on se rend vite compte que c’est bénéfique pour une autre partie de l’expérience : le gameplay. On est assez interloqué tant sa qualité était presque oubliée. Pour un jeu très rétro, s’entend. Les combats sont basiques, pas si éloignés de ce que propose Dragon Quest. Par contre, la présence de classes est beaucoup plus étonnante, et apporte une certaine profondeur à l’expérience. Il va donc falloir en choisir une par personnage (sans retour en arrière possible), et ce parmi six : guerrier, voleur, moine, mage noir, mage blanc et mage rouge. Chacune a droit à une évolution, qui va lui permettre de couvrir de plus grandes compétences. Par exemple, le guerrier deviendra un paladin capable non seulement de faire très mal, mais aussi de balancer des magies blanches.
Les magies, justement, sont gérées un peu différemment que dans les opus plus récents. Pas de MP donc, mais un nombre d’utilisation qui grandit selon le niveau. Oui, en fait c’est bonnet blanc et blanc bonnet, mais la mécanique se fait un peu moins lisible. Et vous allez en avoir besoin, de vos sorts, mais aussi de vos armes et armures durement acquises (ce qu’elles sont chères !). Car Final Fantasy I Pixel Remaster n’a touché ni à la difficulté des combats, ni à leur fréquence. Et croyez votre humble serviteur : il va falloir croiser le fer, beaucoup. Beaucoup, beaucoup. Clairement, Hironobu Sakaguchi et son équipe ont voulu titiller le skill des joueurs, mais aussi rendre l’aventure plus longue que ce qu’elle n’est réellement. Du coup, beaucoup de phases de levelling certes, mais aussi du farm de monnaie afin de toujours avoir tous les consommables possiblement achetables dans la besace. On insiste sur ce point : ne vous aventurez pas dans un donjon sans des tonnes d’éthers et autres potions. Sinon, c’est l’échec quasi assuré.
Une mini-carte salvatrice, et l’OST réarrangée se révèle divine !
Ah, et on ne vous a pas dit : seulement une sauvegarde rapide dans les donjons, sinon il faut les faire d’une traite. Même les magies doivent être achetées, et elles coûtent une blinde, un pognon de digue ! Voilà, on arrive à l’un de nos regrets. Le challenge est usant. Si Final Fantasy I Pixel Remaster n’est pas non plus Sekiro : Shadows Die Twice, il faut réellement se préparer avant de changer de zone. Et Square Enix a choisi de ne pas importer le mode Facile apparu sur l’excellente (mais aujourd’hui introuvable) version Game Boy Advance. Dommage et, d’ailleurs, le regret s’étend un peu plus. La durée de vie est plutôt très bonne pour un titre de 1987, seulement on ne peut oublier les ajouts de l’édition GBA, qui s’offraient à nous avec le post-end. Nulle trace ici, et c’est bien dommage. Surtout qu’on a bien droit au bestiaire, et même à un petit musée avec des artworks et les musiques.
Mais ne soyons pas trop mauvaise langue car, contrairement à ce qui était pressenti, Final Fantasy I Pixel Remaster apporte tout de même de belles choses, qui le rendent très sympathique. Tout d’abord, on ne peut qu’applaudir la toute nouvelle mini-carte bien fondue dans l’ATH. C’est un véritable apport positif, surtout dans ces satanées grottes parfois labyrinthiques. Aussi, on découvre des options afin d’automatiser les combats, et les menus sont plus ergonomiques qu’auparavant. La technique vient aussi gonfler ces bons retours, entre fidélité et propreté. On a parfois un peu l’impression que certains éléments sortent d’une base de donnée RPG Maker, mais c’est tout de même plus mignon. Surtout que l’on compte quelques effets de lumière lors de l’animation des magies. Et les sprites des personnages ont gagné en charisme. Enfin, la bande originale se révèle tout simplement sublime, toute réarrangée et épique à souhait.