Monster Energy Supercross 5, enfin un contenu à la hauteur
Dans l’impitoyable industrie du jeu vidéo, l’on observe parfois un véritable jeu des chaises musicales. L’un des meilleurs exemples est à trouver chez le distributeur Koch Media, dont le départ de Codemasters direction Electronic Arts a été intelligemment comblé par l’arrivée de Milestone. Ce studio italien, spécialisé dans les softs de course, et plus particulièrement de moto, est un véritable stakhanoviste dans le genre (les récents MXGP 2021, MotoGP 2021, Hot Wheels Unleashed, c’est eux). L’une de ses licences, officielles de surcroît, ne cesse de progresser au fil des itérations. C’est ainsi que l’on accueille Monster Energy Supercross 5 avec un certain engouement, surtout autour d’un contenu que l’on espérait revu à la hausse.
Monster Energy Supercross 5 s’appuie intelligemment sur une précédente édition ayant posé des bases plus solides qu’espéré, et ce même si l’on sentait bien que la previous gen était encore trop présente, notamment techniquement. Mais surtout, c’était le contenu qui nous posait problème, avec un mode Carrière vraiment trop plat pour convaincre sur la durée. Eh bien, on dirait que Milestone en a pris conscience : le studio nous livre une version non seulement améliorée, mais aussi complétée de nouveautés. Avant de nous lancer dans le grand bain, il faudra tout de même passer un peu de temps dans le menu de personnalisation de l’avatar, plutôt sommaire donc rapidement expédié. Une bonne chose, on n’a pas spécialement besoin d’autant de détails que dans un Elden Ring. C’est donc après avoir renseigné le nom, le gabarit physique, la nationalité, la moto de prédilection, le type de casque, que l’on prend ensuite le contrôle du guidon.
Si les amateurs du genre se rueront aussi sur le mode online, l’on conseille tout de même fortement de tout d’abord passer par la Carrière. Et ce surtout pour les nouveaux venus. Car c’est ici que l’on progressera dans la maitrise de la conduite, avant de se mesurer à des passionnés ayant passé l’année 2021 sur la précédente édition. C’est certes classique comme conseil, mais cette fois-ci on peut écrire qu’il s’accompagne d’un véritable plaisir à la clé : Monster Energy Supercross 5 propose un contenu solo conséquent et cohérent, bien plus agréable à parcourir qu’auparavant. Tout débute dans la catégorie Futures, avec trois courses définissant vos possibilités de contrats pour la suite des événements (en sachant que l’on peut aussi se lancer dans une écurie originale). Viennent ensuite les choses plus sérieuses. Vous débuterez donc sur le banc des Rookies, avec des courses dédiées à cet effet. C’est en y faisant bonne figure que l’on passera alors au statut de Pro, ce qui signifie s’engager dans une saison complète, avec tous les pilotes et circuits officiels. Oui, l’on bataille sec sur l’impressionnant Lucas Oil Stadium, aux prises avec Eli Tomac et Jason Anderson.
Une carrière bien plus fun à gérer
Surtout, Monster Energy Supercross 5 ne tombe pas dans le piège de l’enchainement d’épreuves sans supplément d’âme. Si le mode Carrière n’est pas encore aussi vivant que dans d’autres jeux de course, l’on remarque quand même une plus grande profondeur, plus que jamais dans la licence. Ainsi, l’on retrouve l’arbre de compétence certes, mais avec bien plus de possibilités qu’auparavant. Les cinq branches (Virage, Contrôle de la moto, Freinage, Scrub, Résistance physique) sont bien plus riches, et l’on sent une véritable courbe de progression chez notre avatar, en complément de notre propre skill. Aussi, cela pousse le joueur à l’investissement dans des choses de prime abord sans trop d’intérêt (l’entrainement, notamment), afin d’engranger ce qui permet de faire fleurir cet arbre. Signalons aussi des courses spéciales, sorte de respirations dans le championnat, elles aussi importantes si l’on veut obtenir le pilote le plus complet possible.
Le mode Carrière de Monster Energy Supercross 5 propose aussi de totales nouveautés, qui améliorent drastiquement son intérêt. Le physique du pilote en est l’une des plus importantes, car elle a un écho direct sur le contenu. En effet, il ne suffira plus de faire uniquement attention pendant les courses : la récupération devra s’opérer entre celles-ci. Cela sera possible en payant grâce à nos récompenses ingame, et le coût sera drastiquement revu à la baisse en se lançant dans la map Complexe, au sein de laquelle le pilote devra, dans une limite de temps imposée, remplir différents objectifs. C’est l’un d’eux qui ouvrira la porte des soins moins onéreux, tandis que d’autres vous rémunéreront avec de l’argent sonnant et trébuchant. Voilà qui ajoute donc du relief à l’ensemble, tout comme le nouveau système de rivalité, certes déjà vu dans d’autres jeux du genre, mais tout de même important. Il s’agit donc de défier un autre pilote, et de gagner là encore de la monnaie en cas de réussite. Tout cela forme une Carrière bien plus fun que dans le quatrième opus, voilà une belle satisfaction.
Petite progression dans le gameplay, moins dans la technique
Monster Energy Supercross 5 propose évidemment d’autres modes : Championnat, multijoueur (en ligne, ou en local avec écran splitté), et un éditeur de circuits qui permet non seulement de créer les siens, mais aussi de télécharger ceux de la communauté. Tout cela provoque une belle durée de vie, là encore supérieure aux précédentes éditions. Mais, entre nous, le deuxième point que l’on attendait avec impatience n’est autre que le gameplay en lui-même. De ce côté, c’est un peu moins enjoué, même si l’on ne peut que noter des avancées. Tout d’abord dans l’équilibrage de la difficulté, bien plus maitrisé (et l’on conseille de ne pas trop utiliser l’option Rembobinage, une hérésie moderne selon nous). D’ailleurs, votre expérience débutera par un tutoriel efficace, rappelant que l’on fait face à un mélange de simulation et d’arcade, avec tout de même une priorité à cette dernière. Les sensations liées au revêtement sont toujours limitées (c’est la DualSense qui fait le travail), par contre les drifts se révèlent bien plus précis et funs à placer. Tout comme les figures en l’air, les fameux scrubs, des gourmandises permettant aussi de bien se situer dans les sauts. Par contre, le début des course, le holeshot, reste un peu bordélique à l’écran, et difficile de s’en remettre quand on ne l’a pas bien abordé. Aussi, l’intelligence artificielle reste un peu trop agressive, alors même qu’elle est désavantagée en terme de chutes. Dès lors, on a tendance à bien s’appuyer sur elle, à la Gran Turismo 7.
Troisième et dernier point surveillé, la technique. Le quatrième opus nous avait laissé un sentiment amer sur l’aspect purement visuel et, si Monster Energy Supercross 5 rend un peu mieux, ce n’est toujours pas la fête au village. Sur PlayStation 5, la fluidité reste constante (même dans les holeshot les plus chaotiques), ce qui est déjà une excellente chose tant elle est importante dans ce genre de jeu. Les environnements, quant à eux, sont plutôt bien animés, et bourrés d’effets pyrotechniques. Par contre, les animations restent un peu raides pendant les scrubs, mais plus dynamiques au sol. Surtout, ce sont les chutes qui ont de quoi rendre grincheux : elles sont vraiment improbables, façon pantin désarticulé. Bonne chose pour les possesseurs de PlayStation 5, la géniale DualSense est idéalement mise à contribution, avec de bonnes vibrations haptiques pour bien différencier les revêtements, et des gâchettes bien réactives. On compte tout de même un peu trop de temps de chargement par contre, le SSD de la console est décidément moins miraculeux que ce que Sony annonçait. Enfin, le domaine sonore fait des progrès, aussi bien dans les musiques moins génériques, et les bruitages de moteur moins stridents.
MAJ : retrouvez aussi notre test de Monster Energy Supercross 6.