Persona 5 Tactica : du bon T-RPG, mais un univers désormais lassant
Si j’ai bien souligné les qualités des récentes itérations de Persona, je pense particulièrement à Persona 5 Royal, ce n’était pas sans signaler quelques retenues. La première d’entre elles était le côté très bavard des jeux d’Atlus, mais aussi le côté un peu sur-exploitation du studio. Certes, l’univers de ce J-RPG a fait mouche en 2016 (date de sortie japonaise), mais de là à miser sur près de huit ans à base de spin-off, de versions complétées, ou encore d’éditions pour de nouvelles consoles, c’est sans doute too much. Un reproche que je formule aussi pour Rockstar, soit écrit en passant. Bref, et toujours en attendant Persona 6 au tournant, c’est avec une petite pointe de lassitude que j’ai accueilli l’annonce de ce Persona 5 Tactica. Et la découverte, manette en mains, a terminé de me blaser… malgré là encore des qualités évidentes.
En tant que spin-off, Persona 5 Tactica se devait de raconter une histoire bien évidemment en lien avec l’épisode principal. Que les nouveaux venus se rassurent, et même ceux qui n’ont pas eu la patience d’aller à son terme : le récit du jeu ici abordé ne demande pas une trop fine connaissance des détails de l’univers. Oui, l’on retrouve bien Joker et sa bande d’adolescents justiciers, toujours zonant du côté du café LeBlanc. Au fur et à mesure de la (trop longue) mise en place de l’intrigue, et après la présentation d’une nouvelle alliée nommée Erina, l’on comprend que l’aventure sera plus légère, moins lourdement sociale, ce qui est une bonne chose à mes yeux. Voilà donc nos voleurs fantômes propulsés dans de nouveaux métavers, quatre pour être précis, et tous dirigés par des personnages pour le moins dérangés. C’est sans doute l’une des grandes forces de ce soft : la galerie de méchants est très soignée, donne envie de voir la suite. Même si, et j’appuie sur ce fait, il est de plus en plus difficile de se coltiner les phases de dialogues à rallonge parfois sans trop de justification. En fait, et malgré l’ajout de deux nouveaux personnages (Erina donc, mais aussi Toshiro) Heureusement, Sega a mis les petits plats dans les grands en nous proposant des sous-titres français. Et ça, c’est salvateur croyez-moi !
Comme son titre l’indique, Persona 5 Tactica est un T-RPG, un sous-genre très codifié et ici mis à l’épreuve de l’imagination d’Atlus. C’est là encore une qualité de ce soft : maitriser les attentes pour les mettre à l’épreuve des spécificités de l’univers. Cependant, tout n’est pas rose. L’action se déroule donc en deux phases : l’exploration et les combats. La première est très, très limitée, on sent clairement qu’Atlus n’a pas désiré aller trop loin en ce sens. On aura donc des lieux certes iconiques, ais peu intéressants à la longue car sans activité. Et ça, c’est un vrai frein pour la rejouabilité. Plus gênant, les entre-donjons sont surtout marqués par des discussions sans fin, comme je l’écrivais plus haut. On a donc cette assez désagréable impression, à chaque embarquée dans les métavers, de devoir savourer ces instants. Alors certes, on ira dans la Chambre de Velours afin de profiter de mécaniques RPG typiques et toujours aussi passionnantes. Mais ce n’est pas assez. Surtout, pour ma part, après avoir pris mon pied sur un Like a Dragon Gaiden proposant une tonne d’activités annexes rigolotes…
Malgré les qualités, il est temps de passer à la suite
Alors il fallait que Persona 5 Tactica propose un système de combat de grande envergure. Cela ne surprendra personne, Atlus étant spécialisé dans ce domaine : c’est une belle réussite à ce niveau. Pour faire simple, on s’éloigne clairement du design à la Tactics Ogre Reborn pour rejoindre celui d’un X-COM. Cela se vérifie tout d’abord dans les déplacements lors des combats. Ceux-ci se déroulent dans des arènes intelligemment réduites, avec des mouvements libres pour votre groupe de trois combattants. Surtout, l’accent est mis sur l’exploitation de l’environnement, avec une importance du placement des avatars : la position défensive, la recherche d’un endroit en hauteur, cela facilite grandement des batailles pensées pour être certes rapides mais passionnantes. Aussi, on retrouve bien la mécanique des tours à gagner dans des conditions précises, ici le One more. Il s’obtient en mettant à découvert les adversaires, et c’est sans doute la meilleure idée du gameplay car cela ouvre la porte à la recherche du perfectionnement. Globalement, cela créé un challenge de niveau moyen, donc sous-pesez bien votre choix du mode de difficulté.
Bien entendu, qui dit T-RPG dit gain d’expérience, de niveaux, etc. Mais ici avec des subtilités car cela implique tous les personnages du groupe, et le niveau vise surtout à nous permettre d’invoquer des monstres de plus en plus puissants. Voilà de quoi nous motiver à retourner dans les donjons, tout comme les objectifs secondaires. Tout cela forme une durée de vie solide, d’une quarantaine d’heures pour en voir le bout. Le 100%, avec un new game plus, est plutôt intéressant mais manque un peu de contenu. Surtout, on a un peu la flemme de devoir se re-coltiner des phases de dialogues à n’en plus finir. Côté technique, Persona 5 Tactica est là aussi le spin off qui se doit de signer la fin des épisodes issus de P5. J’ai adoré la direction artistique du soft, chibi, mignonne, et très évocatrice grâce à des animations sciemment old school. Par contre, les textures accusent un gros retard et, vrai étrangeté, la seconde moitié de l’aventure nous impose des environnements de plus en plus pauvres. Heureusement, les mélomanes auront de quoi se satisfaire avec une bande originale toujours aussi divinement jazzy.