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Romancing SaGa : Minstrel Song Remastered – Test – PS5

image jeu romancing saga

Romancing SaGa : Minstrel Song Remastered, mystérieux et exigeant

Longtemps timide au moment d’évoquer les trésors de sa ludothèque historique, Square Enix est désormais l’un des éditeurs les plus productifs en la matière. Récemment, on a pu assister à de très belles sorties comme NieR Replicant, Crisis Core : Final Fantasy VII Reunion, Tactics Ogre Reborn ou encore Chrono Cross : The Radical Dreamers Edition. Et autour de tous ces titres, tout de même prévisibles pour les fans de l’éditeur, on a un projet qui avance : le SaGa Project. Et j’aime particulièrement cette initiative, tant elle remet en lumière une licence moins reconnue, moins populaire, mais qui mérite de l’attention. Aujourd’hui, c’est le tout premier épisode de l’arc Romancing SaGa qui est invoqué, lui qui débarqua en 1992 sur Super Famicom, restant alors totalement inédit en Europe. Une découverte d’intérêt, donc, du moins si l’on aime les J-RPG expérimentaux et exigeants.

Pour être précis, ce Romancing SaGa : Minstrel Song Remastered se base lui-même sur le remake du premier opus, paru sur PlayStation 2. Et ça ne change rien, le soft était inédit en Europe. Eh oui, on fut le véritable parent pauvre du RPG japonais, il faut se le rappeler et savourer l’époque actuelle nous permettant de découvrir bien des perles de ce genre qui paraissent désormais partout. Parenthèse fermée. Et quand on découvre cette expérience, on peut aussi comprendre cette prudence à l’époque, tant elle s’avère complexe et impressionnante en terme de contenu, alors qu’on se perdait naguère au sein du moindre petit jeu d’aventure. Le titre nous propose huit aventures différentes, pour autant de personnages principaux à incarner. C’est une constance dans la licence, et cela permet non seulement une énorme rejouabilité, mais aussi une manière de bien approfondir l’univers.

Car les huit trames sont légèrement différentes, nous font d’ailleurs débuter (après un prologue) à des endroits différents de la carte du monde de Mardias. Romancing SaGa : Minstrel Song Remastered est un étonnement de tous les instants, mais pas spécialement pour son récit assez classique, celui de la menace d’un retour du Mal absolu, ici le maléfique Saruin. Scellée dans les pierres du Destin, cette sombre divinité est proche de retrouver la liberté, ce que chacun des personnages doit évidemment empêcher en relançant le sortilège. Cela en parcourant le monde comme on le veut, le titre laissant le joueur dans une liberté assez hallucinante pour l’époque. Et elle est du genre totale, n’espérez pas de radar comme dans un horrible GTA : il va falloir glaner des infos auprès des PNJ pour découvrir le moindre donjon, ou le plus petit lieu. C’est surprenant au possible, et nul doute que bien des joueurs vont se fracasser la mâchoire sur les premières heures du soft, abruptes au possible tant les développeurs nous lâchent sans le moindre indice sur les objectifs.

Huit personnages principaux, pour autant d’histoires

Il faut de la patience et de l’implication pour découvrir l’histoire.

On peut donc découvrir l’univers de Romancing SaGa : Minstrel Song Remastered comme bon nous semble, mais sachez que le monde est découpé en plusieurs endroits à rejoindre depuis un menu. L’expérience reste résolument old school, entendons-nous bien, et l’on n’est pas non plus sur une map à la Morrowind. Simplement, il faut oublier la notion de fil rouge et se concentrer sur la notion de découverte. Ainsi, il n’est pas rare de tourner en rond, sans savoir où aller pour faire avancer l’histoire, alors même que des PNJ nous ont confié quelques quêtes annexes. Dans ces moments, je ne peux que vous conseiller de vous concentrer sur les discussions, qui révèlent presque à chaque fois les lieux à rejoindre. Cela donne de l’importance à la lecture, et c’est là l’un de mes regrets : les textes ne sont disponibles qu’en anglais. Certes, c’est bien traduit, et les anglophones de niveau moyen s’en sortiront. Mais les autres seront clairement laissés pour compte.

Tout cela trouve un écho dans le système d’évolution. Romancing SaGa : Minstrel Song Remastered formule certaines des idées les plus fortes que j’ai pu croiser, même si elles restent parfois imparfaites. Chaque personnage peut développer des capacités facilitant l’exploration, comme pour trouver différents trésors ou ouvrir l’accès à certains donjons. Mais rien n’est vraiment indiqué, il va falloir expérimenter, parfois revenir dans des endroits que l’on pensait vide. Les développeurs ont pris un malin plaisir à entourer le contenu d’un voile mystérieux, mais c’est parfois trop et j’aurais aimé un codex contenant, tout de même quelques indices. Et sachez que chacun des personnages a droit à des quêtes qui leurs sont propres, n’espérez donc pas apprendre de vos tâtonnements : il faudra les reconduire à chaque nouvelle partie.

L’exploration demande au joueur de tâtonner, d’expérimenter

Les combats sont très réussis.

Les combats n’échappent pas à cette impression de brouillard nécessitant de l’expérimentation pour se dissiper. Romancing SaGa : Minstrel Song Remastered propose un système au tour par tour classique, avec attaques, magies, objets etc. Tout le reste est à la fois prenant, original, mystérieux et cruel. Sachez que l’on peut recruter jusqu’à quatre coéquipiers, et l’on pourra en licencier (définitivement) l’un pour en embaucher un autre. Voire, carrément, en remplacer l’un que l’on aurait définitivement perdu, puisqu’il existe des Life Points définissables comme des vies pour ces alliés. Si l’un de ces personnages perd un certain nombre de fois au cours d’un combat, c’est terminé, adieu ! Quant à l’expérience, elle est versée selon nos actes : si l’on utilise une arme par exemple, on gagne en force mais aussi en spécialisation de la-dite lame. C’est jouissif, même si je goûte fort peu au système de durabilité. Si l’on  utilise trop souvent une épée, elle se casse. Je n’aimais pas ça dans Zelda : BOTW, et ce n’est pas ici que je me rabiboche avec ce concept.

Romancing SaGa : Minstrel Song Remastered est donc une expérience jusqu’au-boutiste et troublante, n’hésitant pas à nous malmener à l’occasion. La difficulté est très marquée par ailleurs, ce qui pousse à bien réfléchir avant de se lancer dans un combat, et heureusement les ennemis sont visibles avant leur déclenchement. Ce remaster apporte tout de même quelques nouveautés afin de fluidifier l’expérience, comme une mini-carte affichée à l’écran, un accélérateur de mouvement dans les villes et les combats. On a aussi de nouveaux ennemis puissants, un nouvel inventaire, des PNJ originaux, ainsi que des options simplifiant un peu plus le New game plus. La durée de vie, par ailleurs, est évidemment gigantesque. Il m’a fallu une grosse trentaine d’heures pour terminer la seule histoire du très noble Albert, imaginez donc pour atteindre le 100% ! Enfin, ce remaster garde la direction artistique inchangée, et l’on est sur du jeu PlayStation 2 lissée. C’est donc du gros rétro, assez charmante pour qui a connu cette console. Et la musique, signée Kenji Ito, suit le game design : elle est elle aussi courageuse, va dans des tonalités bien différentes des Final Fantasy.

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