Final Fantasy Pixel Remaster : six légendes du J-RPG
Parus à l’occasion des trente-cinq ans de la licence sur PC et mobiles (une décision qui reste mystérieuse encore aujourd’hui…), les Final Fantasy Pixel Remaster débarquent enfin sur leurs plateformes de prédilection : les consoles. L’occasion de revenir sur cette collection éminemment importante, non seulement pour la préservation que pour la culture générale. Deux domaines qui, soyons honnêtes, n’est clairement pas la priorité de l’industrie vidéoludique ces derniers temps. Alors réjouissez-vous, car ce grand voyage dans le temps va vous faire découvrir non seulement six des plus importants J-RPG de tous les temps, mais aussi des gemmes rétros aux qualités encore indéniables de nos jours.
Avant d »aller plus loin : si vous désirez un avis plus précis sur chacun des jeux, vous retrouverez en fin d’article les six tests dédiés à chacun des opus. Ici, je vais me concentrer sur les qualités globales de cette sortie, et elles sont nombreuses. Bien entendu, il faut tout de même replacer un minimum de contexte surtout pour les trois cancres qui n’auraient jamais entendu parler de l’une des deux licences les plus fortes du RPG japonais : Final Fantasy (l’autre étant Dragon Quest, vous vous en doutiez). L’histoire a été contée des centaines de fois, mais elle est si belle qu’elle mérite encore un petit coup de projecteur. Nous sommes en 1987, et l’humanité est encore à l’abri de l’auto-tune. Par contre, au Japon ça sent un peu la fin du monde pour une toute petite entreprise nommée Square. Fondée en 1983 (l’année de ma naissance !), celle-ci enchaine les échecs commerciaux, et se retrouve bien mal en point quatre ans plus tard. Alors, quand le premier Final Fantasy sort, c’est clairement le soft de la dernière chance, d’où le titre. Trente-six ans plus tard, Square est devenu Square Enix, un mastodonte de l’industrie. Et la licence s’apprête à accueillir un seizième opus hyper attendu par des millions de joueurs. C’est dire si la légende est imposante.
Et cette légende fut longtemps inaccessible pour nous autres européens. Bon, certains avaient parfois la chance d’avoir un pote un peu plus aisé qui pouvait se permettre de dépenser dans de l’import, mais au prix d’une incompréhension de taille : celle de la langue. Et soyons honnêtes : vous qui avez connu le bonheur de la lecture d’un Player One au parc près de chez vous… on ne pigeait rien à l’anglais non plus. Donc, quand on aimait le J-RPG, du moins ce que les pages de nos magazines nous en présentaient, on n’avait d’autre choix que de se replier sur Mystic Quest ou Secret of Mana. Deux excellents jeux, mais typés A-RPG. Le tour par tour, on en rêvait et on ne le découvrirait qu’avec Final Fantasy VII, bien plus tard. Pourquoi tout ce flashback ô combien nostalgique ? Eh bien dans le but de souligner l’une des premières grandes forces de Final Fantasy Pixel Remaster : les six jeux inclus sont tous traduits en français, et avec grand soin. C’est plus qu’une aubaine, c’est un rêve éveillé pour qui a connu la trajectoire précédemment décrite. Et dire que certains se sont plaints de la police d’écriture, d’ailleurs modifiable dans les paramètres… Un véritable détail, sans aucun doute souligné par des pourris-gâtés n’ayant connu que l’actuelle et luxueuse accessibilité.
Six joyaux plus que jamais étincelants
Certains ont pu avoir peur du contenu des jeux embarqués, et il faut les rassurer : la censure des versions américaines est heureusement de l’histoire ancienne. Je pense surtout aux épisodes IV, V et VI, dont les thématiques notamment religieuses sont pleinement de retour. Final Fantasy Pixel Remaster est d’ailleurs un excellent moyen de se rendre compte du caractère avant-gardiste de la licence en terme d’écriture. Si les premiers opus restent très basiques à ce niveau, les suivants développent une narration bien plus complexes, avec de grands moments épiques, et même dramatiques. Sans ne rien dévoiler d’aucun jeu, vous serez surpris de découvrir, par exemple, que la mort d’Aerith dans FFVII n’est clairement pas le premier essai du genre par les plumes de Square. Le plus costaud dans ce domaine est bien évidemment Final Fantasy VI, avec son cheminement morcelé hyper jouissive, sa grande liberté laissé aux joueurs surtout dans la seconde partie de l’aventure. Mais je vous conseille de bien vous impliquer dans le récit de FF IV, très surprenant encore aujourd’hui. Cet épisode restera d’ailleurs comme celui qui a lancé la fameuse jauge ATB, laquelle rythme toujours aussi idéalement les combats au tour par tour.
Final Fantasy Pixel Remaster mérite indéniablement le dernier mot de son titre, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, Square Enix laisse le choix de revoir l’expérience côté gameplay. C’est truffé d’options toutes plus précieuses les unes que les autres: accélération du personnage sur le terrain, batailles automatiques un peu plus rapides, multiplication ou annulation du gain d’expérience et de gils (la monnaie commune de tous les épisodes), arrêt des combats aléatoires. C’est le joueur qui décide, et il est évidemment possible de vivre toutes ces expériences presque dans leur jus. Ce « presque » est dû aux améliorations techniques sur chacun des softs, toutes très bienvenues. Les sprites ont été redessinés, bien plus proprement, et l’on remarque quelques effets de lumière bien attrayants. Globalement, c’est visuellement hyper agréable, car l’équipe de développement a bien compris qu’il fallait garder ce style rétro mais en le sublimant, non en le modifiant. Côté musiques, chacun des opus propose la bande originale d’origine, et une autre réorchestrée. En y rejouant, je suis plutôt de la team origine, mais les nouvelles musiques sont sublimes. Là encore, vous avez le choix de les activer ou de les désactiver, sauf sur certains passages précis comme l’opéra de FFVI entièrement chanté (et en français, s’il vous plaît !). Finalement, mon seul petit reproche concerne l’absence des bonus que certaines versions ont connu lors de nouvelles parutions. Et j’aurai aimé plus de bonus que les bestiaires (dénués de détails écrits), les jukebox et les galeries d’artworks. Mais pas de quoi bouder mon plaisir le moins du monde, surtout que la durée de vie de cette compilation culmine à plus de cent-cinquante heures.
Retrouvez les tests de Final Fantasy 1, Final Fantasy II, Final Fantasy III, Final Fantasy IV, Final Fantasy V et Final Fantasy VI.