Il y a 25 ans, la Game Boy se colorait pour le plus grand plaisir des joueurs !
Prolongement de la Game Boy suite à l’immense succès de Pokémon, la Game Boy Color se pare d’un processeur un peu plus puissant et innove enfin par l’apparition de couleurs à l’écran. Un nouvel élan qui permet à Nintendo de poursuivre sa domination sur le marché des consoles portables avec de nouveaux jeux intéressants mais aussi de nombreux portages. Ce dossier revient sur sa courte durée de vie à l’occasion de son quart de siècle !
Date de sortie : 21 octobre 1998 (Japon), 18 novembre 1998 (Amérique du Nord), 23 novembre 1998 (Europe)
Fabricant : Nintendo
Génération de console : Cinquième
Nationalité : Japonaise
Unités vendues : 54,27 millions
Fin de production : 30 mai 2003
Meilleur vente : Pokémon Argent / Or / Cristal (30,12 millions)
La Game Boy enfin en couleurs !
Alors que la Game Boy connaît un nouvel élan après l’immense succès de Pokémon en 1996, la machine renaît de ses cendres dans une version Pocket fort appréciable tandis que le Japon obtient un rétro-éclairage avec la Game Boy Light deux ans plus tard. Arrivée en fin de vie, la portable de Nintendo laisse alors place à la Game Boy Color, console un peu plus puissante profitant enfin d’un affichage en 256 couleurs mais exigeant toujours un éclairage extérieur. Sortie une semaine avant la Neo-Geo Pocket de SNK et quelques mois avant la WonderSwan de Bandai, elle dispose d’une rétrocompatibilité avec l’intégralité des jeux Game Boy, qui profitent à l’occasion d’un affichage à six couleurs, comme le permettait déjà le Super Game Boy depuis 1994. La particularité des cartouches Game Boy Color est qu’elles sont elles-mêmes, pour la plupart, compatibles avec les précédents modèles de Game Boy. Reconnaissables à leur couleur noire, elles sont ensuite remplacées par des cartouches transparentes, uniquement jouables sur Game Boy Color.
Le 21 octobre 1998, le line-up japonais se compose sobrement de quatre jeux. On y trouve Tetris DX, une version colorée comprenant quatre modes, le puzzle-game compétitif Hexcite The Shapes of Victory proposant de remplir des hexagones à l’aide de différentes formes, ainsi qu’un portage coloré de Wario Land II. Disponible depuis déjà quatre semaines, le spin-off Dragon Quest Monsters reste le jeu phare du lancement avec son système de combat de monstres déjà introduit dans Dragon Quest V. Le 18 novembre 1998, la Game Boy Color arrive en Amérique du Nord avec Tetris DX, une nouvelle version du jeu d’arcade Centipede, un portage coloré de la compilation Game & Watch Gallery 2 et surtout de Pocket Bomberman, épisode singulier se jouant en vue de côté. Outre la sortie du Tactical-RPG Game Boy Wars 2, la console paraît en Europe le 23 novembre 1998 avec un line-up similaire remplaçant Centipede par le jeu d’action aventure Quest for Camelot, adaptation du dessin animé Excalibur L’Épée Magique, également disponible quelques jours avant.
Un constructeur qui soutient toujours sa console
Malgré une ludothèque assez limitée en grands classiques, la Game Boy Color a été fortement soutenue par Nintendo, qui y a exploité plusieurs de ses licences à commencer par sa mascotte avec Super Mario Bros. Deluxe, compilation des versions NES de Super Mario Bros. et Super Mario Bros. The Lost Levels permettant de sauvegarder après chaque niveau mais dont la visibilité est réduite à cause de l’écran de la console. Mario se met également au sport avec des versions 2D de Mario Tennis et Mario Golf de la Nintendo 64, un Mobile Golf contenant des éléments de RPG et même le jeu de simulation de couture Mario Family, qui nécessite une machine à coudre pour fonctionner. En plus des portages colorés de Wario Land II et Game & Watch Gallery 2, la console accueille également Wario Land III et Game & Watch Gallery 3 en exclusivité. Outre un portage coloré de Donkey Kong Land III au Japon, on trouve une version 8-bit de Donkey Kong Country qui, contrairement au premier Donkey Kong Land, réadapte l’intégralité des niveaux de l’épisode Super Nintendo.
Une des franchises les plus brillamment représentées sur Game Boy Color est sans nul doute The Legend of Zelda, dont le portage DX de Link’s Awakening sublime l’expérience grâce à une quête de photographies mettant à profit le Game Boy Printer et un nouveau donjon qui exploite les graphismes en couleurs. C’est ensuite en confiant sa saga à Capcom que Nintendo s’inspire du concept commercial de Pokémon en sortant simultanément deux jeux épisodes très différents bien qu’intimement liés en 2001. Si The Legend of Zelda Oracle of Ages fait naviguer Link entre deux époques ayant des conséquences l’une sur l’autre, The Legend of Zelda Oracle of Seasons joue astucieusement sur les quatre saisons pour modifier le level design. Mais plus encore, un code secret obtenu après avoir fini un des jeux permet de commencer le deuxième avec un scénario plus complet comprenant un nouveau boss final : un concept n’est pas sans rappeler celui des scénarios de Resident Evil 2, également développé par Capcom.
Saga phare de la fin des années 90, Pokémon marque de son côté encore plus profondément les fans avec une deuxième génération sous les signes Or et Argent. Le système de jeu se voit alors agrémenté d’une nouvelle région à explorer et de cent nouvelles créatures comprenant les nouveaux types Ténèbres et Acier. L’année suivante, la version Crystal vient ajouter du contenu supplémentaire et permet pour la première fois de choisir le sexe de son personnage. Les spin-off ne cessent alors de se multiplier avec le jeu de flipper Pokémon Pinball, le puzzle-game Pokémon Puzzle Challenge ainsi que Pokémon Trading Card Game et Pokémon Card GB2, qui viennent adapter le jeu de cartes en version électronique. Outre un portage coloré de Balloon Kid nommé Balloon Fight GB, la ludothèque de la console comporte aussi les Tactical-RPG Game Boy Wars 2 et 3 ainsi que Kirby Tilt ‘n’ Tumble, épisode singulier mêlant des mécaniques de flipper et de plates-formes en vue aérienne.
Des jeux d’aventure à foison
Bien que souvent réservés à l’import, les RPG sont finalement assez nombreux dans la ludothèque Game Boy Color. On en trouve notamment beaucoup avec des combats au tour par tour, à commencer par la compilation regroupant les portages des deux premiers Dragon Quest, celui de Dragon Quest III ainsi que deux Dragon Quest Monsters. Si l’on dénombre pas moins de trois Ganbare Goemon, Quest : Brian’s Journey s’impose comme un sympathique demake de Holy Magic Century, Lufia The Legend Returns succède aux deux épisodes Super Nintendo, les deux Megami Tensei Gaiden sont portés en version colorée tandis que Robopon ressemble à s’y méprendre à Pokémon. D’autres sont plus atypiques comme Azure Dreams et ses déplacements case par case, Star Ocean Blue Sphere et ses combats en vue de côté, Puyo Puyo Gaiden et son système rappelant les Tactical-RPG ou encore Power Quest qui puise carrément dans le gameplay des jeux de combat. On peut également citer Harvest Moon 2 et 3 GBC ainsi que les Survival Kids, prédécesseurs des Lost in Blue.
Des exclusivités à l’intérêt variable
Véritable support d’expérimentations, la Game Boy Color a eu le droit à toutes sortes de curiosités bien souvent tirées de licences à succès. Prolifique dans les années 90, la saga Bomberman est par exemple représentée par les épisodes classiques Bomberman Max Blue & Red Champion, mais aussi par Bomberman Quest, qui se rapproche davantage d’un jeu d’aventure. Les jeux d’action plates-formes y sont assez nombreux entre le chaotique Earthworm Jim Menace 2 the Galaxy, Bionic Commando Elite Forces et les deux Mega Man Xtreme, qui combinent des niveaux des quatre premiers Mega Man X. Les puzzle-games sont aussi de la partie avec le casse-briques Dragon Dance, une variante de Tetris nommée Klustar et Bust-A-Move Millennium. Outre le labyrinthique Quest Fantasy Challenge, renommé Holy Magic Century en Europe alors qu’il n’en est pas du tout l’adaptation, la Game Boy Color est également la première console à accueillir un écureuil bien connu dans Conker’s Pocket Tales, jeu en vue aérienne à l’univers bien éloigné du futur Conker’s Bad Fur Day sur Nintendo 64.
D’autres exclusivités ont aussi été créées pour surfer sur le succès de jeux PlayStation sans pour autant en être des adaptations directes. Il existe par exemple un Tomb Raider en vue de côté très différent du jeu d’origine, assez monotone et répétitif avec plein d’échelles à emprunter et de leviers à activer sans forcément savoir ce qu’ils débloquent ; il est accompagné d’un deuxième épisode appelé Tomb Raider La Malédiction de l’Épée. Si le premier Resident Evil avait commencé à être adapté d’une manière assez bluffante sur la portable de Nintendo, il est finalement annulé au profit de Resident Evil Gaiden, épisode annexe qui se déroule à bord d’un bateau avec Léon et Barry Burton. Malgré une progression correcte en vue aérienne avec des affrontements en vue à la première personne, il se montre vite répétitif et s’avère victime d’un bug qui en complexifie l’avancée. A contrario, le superbe Metal Gear Ghost Babel reprend efficacement le gameplay des épisodes MSX pour proposer un gameplay d’infiltration parmi les plus convaincants de la Game Boy Color.
Une profusion de jeux à licence
Si les jeux à licence sont légion dans les années 90, elles sont particulièrement présentes sur la ludothèque de la Game Boy Color, qui a eu le droit à de nombreuses adaptations exclusives de dessins animés, comics de bandes dessinées. Parmi elles se trouvent quelques disneys comme Blanche-Neige et les Sept Nains, un Livre de la Jungle différent, une compilation de mini-jeux basés sur l’univers de La Belle et la Bête, le jeu de course Mickey’s Racing Adventure et le sympathique Donald Duck Quack Attack. Les personnages de bandes dessinées se font également une nouvelle place dans Astérix Sur la Trace d’Idéfix, Lucky Luke Le Train des Desperados, Spirou La Panique Mécanique et La Mission des Schtroumpfs, qui opte cette fois-ci pour une vue aérienne.
En plein déferlement sur les chaînes de télévision, les cartoons multiplient les adaptations avec Tiny Toon Adventures Buster Saves the Day, Tiny Toon Adventures Dizzy’s Candy Quest, Looney Tunes Collector Alerte aux Martiens et Looney Tunes Collector La Revanche des Martiens. On trouve même des jeux à l’effigie de personnages connus comme Titi et Grosminet Déjeuner en Cavale, Titi et Le Tour du Monde en 80 Chats, Speedy Gonzales Au Pays des Aztèques ainsi que Bugs Bunny & Lola Bunny Operation Carrot Patch, deux ans après leur collaboration dans Space Jam. Les jeux tirés de comics ne sont pas en reste avec le très moyen Batman Chaos in Gotham, Spider-Man 2 Enter the Sinister Six, Spawn, X-Men Mutant Wars et X-Men Wolverine’s Rage.
Parmi les jeux à licences se trouvent également des adaptations en 2D de jeux sortis sur les consoles de salon de la même époque. En dehors de jeux comme Looney Tunes Racing, Kirikou et Spider-Man, les disneys sont une nouvelle fois très nombreux avec le jeu de course Mickey’s Speedway USA, un Roi Lion qui réadapte le premier film tout en octroyant ses derniers niveaux à L’Honneur de la Tribu, ainsi que 1001 Pattes, Tarzan, Toy Story 2, Dinosaur, Kuzco L’Empereur Mégalo, Atlantide L’Empire Perdu et un flipper tiré de la suite de La Petite Sirène.
En outre, la Game Boy Color a aussi été l’occasion de portages colorés de jeux existant déjà sur Game Boy, parfois facilités par des mots de passe plus fréquents. C’est le cas de l’adaptation d’Aladdin et du jeu Looney Tunes, mais surtout de jeux tirés de bandes dessinées comme Astérix & Obélix, Tintin au Tibet, Tintin Le Temple du Soleil, Lucky Luke et Le Cauchemar des Schtroumpfs. La colorisation était un tel argument marketing que Nintendo en a en effet profité pour proposer de nouvelles éditions aux joueurs. En dehors des jeux à licence, on peut aussi retenir Mr Nutz, Harvest Moon GBC et les quatre Konami GB Collection, qui comprennent notamment Operation C et les deux premiers Castlevania.
De nombreuses adaptations issues de toutes parts
Sortie en pleine période faste pour la cinquième génération de consoles, la Game Boy Color est également le théâtre d’adaptations de jeux PlayStation et Nintendo 64, mais aussi Dreamcast, qui paraissait seulement quelques semaines plus tard. On y trouve ainsi plusieurs jeux de plates-formes allant des deux Rayman aux deux Croc en passant par Pitfall Beyond the Jungle, Gex Enter the Gecko, Gex Deep Pocket Gecko ainsi qu’Oddworld Adventures 2, qui adapte Oddworld L’Exode d’Abe. Parmi les FPS, Turok 2 et Turok Rage Wars se rapprochent davantage de jeux d’action plates-formes tandis que Turok 3 opte pour une vue aérienne au même titre que Perfect Dark, Daikatana, Rainbow Six et Le Monde ne Suffit Pas, dont l’ambiance se rapproche d’un Metal Gear.
Les jeux de voiture sont eux aussi assez présents avec V-Rally, qui conserve son défilement vers le fond de l’écran tandis que Colin McRae Rally et Driver passent en vue aérienne, comme cela reste le cas pour Micro Machines V3, Micro Maniacs et les deux Grand Theft Auto. Du côté des jeux de combat, on peut citer une adaptation très correcte du premier Street Fighter Alpha, une bien plus médiocre de Mortal Kombat 4 ainsi que Ready 2 Rumble Boxing et X-Men Mutant Academy. Les jeux de sports sont quant à eux représentés par les trois premiers Tony Hawk’s Pro Skater et Mat Hoffman’s Pro BMX, mais aussi par deux Track & Field qui rappellent fortement les premiers épisodes en 2D. Outre le puzzle-game Pocket Puyo Puyo~n, la Game Boy Color possède aussi sa propre version d’Alone in the Dark The New Nightmare qui, malgré un intérêt ludique limité, parvient à retranscrire l’ambiance horrifique du jeu grâce à une étonnante prouesse graphique.
Histoire de capitaliser jusqu’au bout sur son succès, Nintendo dote également sa portable de moult portages de jeux d’arcade, y compris de vieux fossiles des années 70 comme Pong, Space Invaders, Super Breakout et Asteroids. Les classiques des années 80 ne sont toutefois pas en reste avec Centipede, des éditions Special Color de Pac-Man et Ms. Pac-Man, Frogger, Qix Adventure, Q*Bert ainsi qu’un retour aux QTE pour Dragon’s Lair, dont la réalisation s’avère elle aussi impressionnante. La liste continue avec 1942, Marble Madness, Ghosts’n Goblins, Classic Bubble Bobble et R-Type DX, sans oublier les puzzle-games Pocket Puyo Puyo Sun, Défi au Tetris Magique, Bust-A-Move 4, Magical Drop et Pop’n Pop. Du côté des jeux micro-ordinateurs, on peut retenir les portages de Prince of Persia, Spy versus Spy et Duke Nukem II.
Une console de transition jusqu’à l’arrivée de la Game Boy Advance
Tandis que la Game Boy Advance offre enfin une ambition supérieure au jeu portable le 21 mars 2001, la Game Boy Color s’efface peu à peu avec des sorties fortement revues à la baisse. Outre des jeux déjà cités comme Tomb Raider La Malédiction de l’Épée, Mega Man Xtreme 2, Star Ocean Blue Sphere, Game Boy Wars 3, Lufia The Legend Returns et Resident Evil Gaiden, le reste de l’année 2001 est notamment marqué par Return of the Ninja, successeur de Blue Shadow sur NES, le jeu de recherche en vue aérienne Dracula Crazy Vampire et une adaptation du film Harry Potter à l’École des Sorciers, qui se démarque des versions PlayStation et Game Boy Advance par un gameplay de RPG au tour par tour.
En 2002, les sorties se raréfient et en dehors de l’adaptation d’Harry Potter et la Chambre des Secrets en fin d’année, on peut retenir Dragon Ball Z Les Guerriers Légendaires, qui reprend les gameplay à base de cartes des épisodes Famicom avec des personnages minuscules, mais surtout Shantae, qui entame une superbe saga de metroidvanias inspirée de Wonder Boy mettant en scène une demi-génie qui effectue son retour de longues années plus tard sur DSiWare, 3DS et Switch. Après plus de quatre ans de bons et loyaux services, la Game Boy Color tire alors se révérence avec Bomberman Selection, compilation exclusive à la Corée regroupant Atomic Punk et Bomberman GB, et Doraemon no Study Boy Kanji Yomikaki Master, dernier jeu sorti sur la machine le 18 juillet 2003.