- Sonic Frontiers
- Disponible sur : PlayStation 5, PlayStation 4, Xbox Series, Xbox One, Nintendo Switch, PC
- Développé par : Sonic Team
- Edité par : Sega
- Sortie le : 8 novembre 2022
- Genre : Aventure
Sonic Frontiers, une relance inespérée pour la licence de Sega
Ayant vécu de plein fouet la reine des guerres des consoles, celle opposant Nintendo à Sega, j’ai longtemps dû choisir un camp. C’était un peu débile avec le recul, même si on s’amusait bien. Surtout, ce conflit poussait les acteurs de l’industrie à se surpasser, contrairement à aujourd’hui, et chacune des teams pouvait avancer des arguments solides. Avec de la mauvaise foi (Aladdin est bien meilleur sur Super Nintendo, et c’est tout !), mais solides quand même. Côté Sega, Sonic était l’Élu, la mascotte rivalisant avec Mario. Des années plus tard, des passages à la 3D pas toujours mémorables, et surtout la gueguerre désormais un lointain souvenir, qu’en reste-t-il ? Sonic Frontiers apporte sa réponse, avec des qualités indéniables.
Je ne vous refais pas le coup du cycle de Sonic, mais au-delà de son côté surfait il faut avouer qu’il existe bien une sorte de ritournelle autour du hérisson bleu. Lors de son annonce, le court teaser a embrasé la toile, avec de multiples théories à partir de quelques indices malicieusement saupoudré par Sega. Pendant toute la phase de communication, le recours au monde ouvert a encore plus excité tout ce beau monde, ainsi que les très clairs clins d’œil à un certain The Legend of Zelda : Breath of the Wild. Quelques semaines après sa sortie, Sonic Frontiers est un vrai succès populaire, avec des exemplaires vendus dépassant dépassant les 2,5 millions d’unités d’après les derniers chiffres à ce jour. Et autant l’écrire de suite, c’est mérité tant les développeurs ont pris des risques salvateurs pour une licence qui risquait l’extinction après quelques épisodes certes réussis mais sans grand génie ni idées. Ici, il y en a.
Débutons par ce qui m’a peut-être le moins séduit : le scénario de Sonic Frontiers. Je ne cache pas avoir toujours été étonné devant l’engouement des fans pour cet univers, que je trouve trop détaillé pour ce qu’il est : un jeu misant avant tout sur le fun. Au fil des années et des itérations 3D, la Sonic Team s’est lancé dans un développement étrange des personnages, culminant dans l’absurde avec l’opus de 2006. Bon, au moins l’épisode de 2022 évite de se ridiculiser, mais il se complique pour pas grand chose. On retrouve le Dr. Eggman das son rôle favori : celui du méchant désirant dominer le monde. Pour ce faire, il découvre et a recours à une technologie aussi ancienne que mystérieuse… laquelle déclenche une série de problèmes dimensionnels, et même « cyberespacionnels », qui emportent tout autant le professeur fou que notre piquant hérisson et ses amis (Tails, Knuckles et Amy). Voilà un point de départ qui aurait pu très largement suffire, mais qui donnera lieu à des rebondissements peu séduisants, le tout interprété mollement dans des cutscenes pas toujours nécessaires. Le casting de voix française n’est pas mauvais, et il faut féliciter Sega pour nous en proposer un. D’ailleurs, la traduction est globalement de très bonne qualité. Simplement, la licence n’a pas besoin de tant de ramifications, il faudra faire plus simple pour le prochain opus déjà souhaité.
Un scénario oubliable, contrairement au gameplay mémorable
La référence à Breath of the Wild est donc déjà un peu mise à mal, tant le chef-d’œuvre de Nintendo prenait soin de ne pas conter une histoire compliquée. Le gameplay de Sonic Frontiers termine d’éliminer tout parallèle. Et, pour ma part, c’est une très bonne chose. Le jeu est donc en 3D, et nous plonge dans un monde constitué de plusieurs zones (cinq en tout), sur le modèle d’un Dragon Ball Z : Kakarot, par exemple. Ces endroits sont sans aucun doute la grande réussite de cet opus : ils sont amples, le level design très soigné et particulièrement bien adapté aux spécificité de l’avatar, et remplis d’objectifs qu’ils soient principaux ou secondaires. Et si vous découvrez le jeu, rassurez-vous : la première zone, un peu déprimante dans son ambiance, (cette musique…), laissera sa place à d’autres beaucoup plus fun, lumineux et enjoué par la suite. Les environnements proposent des petits puzzles, afin de récupérer des items nous ouvrant des portes dimensionnels vers des niveaux « à l’ancienne » soufflants le chaud et le froid (ceux en 2D sont plaisants, en 3D c’est moins efficace). Cette structure convient parfaitement à la licence, et j’écris même qu’elle lui donne un salvateur coup de fouet.
En plus de cette structure hyper séduisante et prenante, Sonic Frontiers parvient aussi à convaincre dans le système d’évolution de son personnage. On a un petit côté RPG, avec des capacités à débloquer contre de l’expérience glanée en se débarrassant d’ennemis, dans des combats d’ailleurs très énergiques et parfois inventifs. Sur le papier, rien de bien original de ce côté, mais le concept est particulièrement bien mis en place par les développeurs, avec des compétences permettant par exemple de meilleurs combos. Lesquels, une fois bien maitrisées, augmentent considérablement l’efficacité de l’avatar. On a donc du skill, ce qui n’était pas le cas des précédents opus en pur 3D comme les Sonic Adventure (ragez si vous voulez, c’est la vérité). En plus, les différentes et magnifiques zones renferment des items précieux pour l’attaque et la défense de Sonic, à refiler à un PNJ pour se les appliquer. La courbe de progression est ainsi remarquablement marquée, donnant de plus en plus de puissance certes, mais aussi d’impression de vitesse. Celle-ci est si furieuse qu’il existe une option pour l’amoindrir, et donner la priorité à la précision. Parfait pour contenter fans et nouveaux venus.
Des zones hypers plaisantes à parcourir à toute allure
Au sein de ces zones, les points d’intérêt sont nombreux et variés. Surtout, Sonic Frontiers pousse à y revenir pour bien tout maximiser, obtenir les meilleurs notes, etc. Bref de quoi faire surchauffer les amateurs de 100%. Ceux-là doivent par exemple savoir que la pêche est un mini-jeu chronophage. J’ai toujours aimé cette activité dans les J-RPG, par exemple dans un Final Fantasy XV ou un Ys VIII : Lacrimosa of Dana. Il faudra récupérer des pièces violettes et aller voir le récurrent Big The Cat afin de lancer la phase, très simple et addictive. Surtout qu’elle permet de gagner des jetons échangeables contre un tas d’éléments, aussi utiles pour l’évolution de l’avatar que pour le développement de l’univers. Et avec soixante-cinq sortes de poissons, il y a de quoi faire ! J’ajoute un boss secret, et un end game bien fourni. Tout cela participe à une durée de vie conséquente, une quinzaine d’heures en droite ligne, le double afin de tout voir.
Techniquement, Sonic Frontiers n’est certes pas une immense claque mais il fait le job. Il faut ne surtout pas se laisser avoir par la première zone, un environnement certes progressif mais tout d’abord déprimant et aux textures datées. Ça s’arrange par la suite, même si la distance d’affichage a du mal à suivre le rythme supersonic de l’avatar. La fluidité était surveillée de près, et elle n’a pas flanchée sur PlayStation 5. C’est évidemment agréable dans un soft misant beaucoup sur la vitesse. On a même quelques jolis effets de lumière, de quoi tout de même sentir un gap avec les précédents opus. La musique est assurée par Tomoya Ohtani, compositeur habitué de la licence ayant déjà oeuvré sur Sonic Forces et Sonic Colors Ultimate. Le mélange de thèmes atmosphériques, visant à construire une ambiance plus qu’à imposer un tempo, et les morceaux plus énergiques très attendus, fait des merveilles.
Conclusion
Sonic Frontiers est plus qu’un bon jeu, c’est aussi une relance inespérée pour une licence jusqu’ici à la recherche d’un second souffle. La Sonic Team et Sega l’ont trouvé, et les joueurs ne peuvent que s’en féliciter. Tout n’est pas encore parfait certes, l’histoire et la technique peuvent encore faire l’objet de progrès, mais les qualités restent bien plus que les regrets, signe que le game design a bien pris. Avec ses cinq mondes bourrés d’activités, sa prise en mains très fun, et son impression de vitesse à la hauteur du hérisson bleu, le soft se révèle l’une des plus belles surprises de 2022.
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