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[Test] NieR Replicant 1.22 – PlayStation 4

10 mn de lecture
image jeu nier replicant 1.22
image playstation 4 nier replicant 1.22
  • NieR Replicant 1.22
  • Disponible sur : PlayStation 4, Xbox One, Microsoft Windows
  • Développé par : Toylogic
  • Edité par : Square Enix
  • Sortie le : 23 avril 2021
  • Genre : Action-RPG
  • pegi18

NieR RepliCant 1.22 relance idéalement la machine

NieR, jeu paru en Europe sur Xbox 360, est devenu très difficile à dénicher, alors même qu’il est devenu culte au fil du temps. À l’occasion de l’année fêtant le dixième anniversaire de ce grand titre, Square Enix sort enfin une nouvelle édition, intitulée NieR Replicant 1.22, augmentée en tous point. Voici certainement le meilleur Action-RPG de 2021.

Voilà onze ans, l’Europe accueillait un jeu essentiel à bien des égards : NieR Gestalt. Si les passionnés pouvaient ressentir une petite hype autour de ce jeu, le réalisateur Yoko Taro n’étant autre que celui de Drakengard, on ne peut pourtant pas écrire que le destin de ce soft était écrit d’avance. On peut même affirmer le contraire, tant beaucoup d’éléments se rassemblaient afin de lui mettre des bâtons dans les roues : une technique décevante face aux grosses production, une structure atypique, et une presse spécialisée qui, à l’époque, n’avait pas compris ce qui lui tombait sous le pad. Et pourtant, une niche très active de joueurs a pris le relais, se concentrant sur les qualités indéniables d’écriture, de direction artistique. Alors que cette version d’origine est aujourd’hui très difficile à dénicher, Square Enix exauce le vœu de bien des fans en nous livrant enfin une version augmentée intitulée NieR Replicant 1.22.

Avant d’aborder pleinement NieR Replicant 1.22, il est nécessaire de continuer la contextualisation. Le jeu revu et corrigé s’appuie donc sur NieR Gestalt sur Xbox 360, ou NieR RepliCant sur PlayStation 3 (et uniquement au Japon pour celui-ci). Pas de panique, les deux versions ne différaient que par l’avatar, le premier étant un père et le second un frère, une poignée de dialogues et une ou deux dates de naissance. Restons donc sur NieR Replicant. Ce soft ne sortait pas de nulle part, il faisait suite à l’une des fins (très, très difficile à découvrir) de Drakengard, un Action-RPG aussi culte que violent de la PlayStation 2. Dans celle-ci, le héros du jeu, accompagné de son dragon, se voyaient transférés dans le monde réel alors qu’ils combattaient le dernier boss. C’est donc au-dessus de Tokyo que se déroulait la bataille bientôt gagnée, avant que les avions militaire n’abattent notre duo. Seulement voilà, dans leur titanesque chute, ces trois entités vont propager d’étranges particules, d’abord considérées par les joueurs comme une sorte de cendre.

Avec NieR Replicant est paru une tonne d’informations sur l’univers très développé de cette licence. Notamment dans un énorme livre officiel paru exclusivement au Japon, le Grimoire NieR, blindé d’artworks et de détails scénaristiques ne figurants pas dans le jeu. D’ailleurs, entre nous, il serait intéressant que Square Enix, ou tout autre éditeur (Kurokawa ?) se penche sur une sortie française. Bref, on apprit ainsi que de cendre il n’était question, mais plutôt de maso. Et le maso, c’est beaucoup plus vilain : cette matière provoque une malédiction incurable, menant dans la plupart des cas à la mort du contaminé. Dans d’autres cas, plus rares, à la violence rageuse. Nous n’irons pas plus loin dans le développement de cette tragédie, car il mènerait fatalement au spoiler le plus dommageable. Sachez simplement qu’il n’est pas nécessaire d’avoir tout lu, ni tout joué, pour capter la sensibilité du récit conté par NieR Replicant, que ce soit dans sa version d’origine ou la 1.22 que nous abordons aujourd’hui.

Encore plus poignant grâce aux nouveautés scénaristiques

image gameplay nier replicant 1.22

NieR Replicant 1.22 dégage une atmosphère mélancolique.

L’aventure de NieR Replicant 1.22 se déroule près de 1400 ans après une ouverture bercée de mystère. Dans celle-ci, un frère et sa sœur malade sont en bout de route, dans une ville recouverte de ce qu’on pense être de la neige (en fait, des restes humains sous la forme de cendre, c’est révélé dans le Grimoir NieR). Notre avatar, qu’on aura pris la peine de nommer à notre guise, démontre alors une fibre protectrice hors du commun, mais cela ne suffit pas à lui assurer la victoire contre des hordes de monstres aussi connues sous le nom d’Ombres. C’est alors qu’il passe un pacte avec un étrange livre, lui assurant des pouvoirs magiques incommensurables et, en même temps, un tutoriel assez finaud pour le joueur. La suite, donc, prend place plus d’un millénaire après, dans un monde entre la fantasy et la post-apocalypse, visiblement sur le déclin. La civilisation a reculé, le progrès technique n’est pas à l’ordre du jour malgré des vestiges avancés dispersés de-ci, de-là.

On retrouve notre valeureux frère, mais cette fois-ci habillé de manière plus « chevaleresque ». Et sa sœur, toujours aussi affaiblie, mais elle aussi vêtue très différemment. Ce changement de cadre surprenait déjà en 2010, onze ans plus tard on garde cette sensation étrange, ce quelque chose qui cloche et que l’on pense comprendre au fur et à mesure du cheminement. Pourtant, plus NieR Replicant 1.22 nous expose ses problématiques, tout d’abord par le biais d’une quête au remède, plus on perd de vue ce début pour le moins étonnant, au profit d’autres urgences. Le soft n’en manque pas, avec un grand nombre de quêtes annexes, très Fedex dans l’esprit mais parfois d’une grande importance dans le but de comprendre l’univers, la mélancolie qui s’en dégage. On pensera notamment à l’histoire de la gardienne du phare de Littoral, la ville côtière, dramatique au possible, se terminant par un choix difficile, mais aussi nécessaire pour mieux capter la profondeur du terrible secret qui habite le jeu.

Si l’histoire de NieR Replicant 1.22 débute exactement comme le jeu qu’il corrige, on est en mesure de vous dévoiler que cette version apporte son lot de grosses nouveautés scénaristiques. Quelques quêtes secondaires ont été très légèrement modifiées, notamment dans les récompense. Le tuyau de fer, par exemple, ne se gagne plus à l’issue de la mission La pierre magique, dans la Forêt des Légendes, mais autre part. De petites retouches donc, mais aussi de véritables ajouts massifs. Là encore, il ne faut pas trop en dire, mais dans la seconde partie du soft vous découvrirez une toute nouvelle histoire, celle de Louise qui hante une épave fraichement échouée sur la plage de Littoral. Ce segment se trouve une place entière, impossible d’imaginer le jeu sans ce récit là encore d’une émotion puissante, avec à la clé une conclusion marquante. Au niveau des nouveautés d’écriture, il est à noter que Kainé semble avoir gagné en cette vulgarité qui la caractérise avec grand humour. Très appréciable. Emil, lui, reste tout à fait identique à ce qu’il fut en 2010. On signale aussi une fin E inédite, à découvrir d’une manière bien retorse. Non, n’attendez aucun détail, même sous la torture. Sachez simplement qu’il ne faut pas avoir peur des décisions définitives.

Le gameplay devient enfin agréable

image test nier replicant 1.22

Les combats de boss ont gagné en spectacle épique.

Mais la nouveauté qui se fait la plus inratable dès la prise en mains est, justement, le gameplay. Les joueurs qui ont poncé NieR Gestalt, en son temps, se rappellent de mécaniques certes plaisantes, courageuses, mais parfois nivelées vers le bas à cause d’une raideur globale assez gênante. Toylogic, studio au sein duquel on retrouve des anciens de Cavia (ancien fief de Yoko Taro), a clairement retenu les leçons de NieR Automata : on retrouve une partie des sensations éprouvées en incarnant 2B. Et que ça fait du bien, des combats enfin fluides, une meilleure utilisation des pouvoirs, et surtout un lock qui fonctionne parfaitement, sauf dans de petits espaces heureusement assez rares. Le principe du renfort, ici le Grimoire Weiss, tirant des boulettes contre des ennemis capables d’en faire de même, transformant parfois l’écran en mini-bullet hell (surtout à l’occasion des boss, dont les batailles ont gagné en spectacle épique), est de retour. Mais on apprécie surtout la personnalisation des gâchettes, qui permet des raccourcis vers la magie, ou les mouvements de défense, exactement comme bon nous semble. Rien que ça, c’est déjà un changement majeur apporté au gameplay par NieR Replicant 1.22, donnant un sacré coupe de vieux au soft de 2010.

Si vous aviez peur de voir en NieR Replicant 1.22 une nouvelle édition paresseuse, vous pouvez déjà vous rassurer avec ces quelques améliorations. Mais attendez, ça ne s’arrête pas là ! Le système des mots, à gagner aléatoirement dans les combats puis à appliqué aux armes, magies  ou défenses, apportent des bonus de statistiques non négligeables (gain d’XP amélioré, meilleur loot). Aussi, on ne vous cache pas que, dans un premier temps, la caméra nous a un peu interloquée. Mais allez faire un tour dans les options, vous y trouverez une méga tonne de réglages afin de lui donner l’énergie qui vous va. Plus éloignée, plus proche, plus nerveuse, etc, cette caméra a tout pour plaire. Là encore, c’est un changement majeur, surtout pour qui a vécu des moments parfois douloureux sur NieR RepliCant en 2010. Signalons aussi des options d’accessibilité assez étonnantes, comme la possibilité de jouer en ne se servant que d’une main, parfait pour les personnes touchées par un handicap. Aussi, l’aventure n’est pas réservée aux pros du pad : dans un souci d’ouverture à un public novice, ou tout simplement plus intéressé par l’histoire, on a droit à un mode de combat automatique, exactement comme dans NieR Automata. C’est une option, à vous de l’activer ou pas, donc que les amateurs de challenge se rassurent. D’ailleurs les trois modes de difficulté seront aptes à les contenter.

La structure de l’aventure, elle, reste inchangée. On a toujours ces différentes fins que l’on se doit de découvrir en atteignant certains objectifs (trouver toutes les armes, par exemple). Contrairement à NieR Automata, les cheminements de NieR Replicant 1.22 sont plus répétitifs, c’est une certitude. Quelques différences majeures sont heureusement à prévoir, comme la traduction des propos des ombres, ce qui apporte un refus du manichéisme très bien vu suite à l’énorme twist final. Ou encore des phases de Visual novel détaillant un peu plus Kainé et Emil, les deux coéquipiers de l’avatar dont les destins restent toujours aussi poignants. Mais tout de même, on trouve par exemple que les cheminements C et D sont trop identiques, surtout si vous êtes du genre à vous lancer dans toutes les quêtes annexes dès que possible. Autre petit regret, mais difficile à véritablement souligner : le voyage rapide absent de la première moitié du jeu. Vous allez vous lancer dans beaucoup d’allers-retours, et certains le regretteront. Seulement voilà, on ne peut s’empêcher de repenser aux dires un des premiers PNJ rencontrés, qui regrette que les gens prennent moins le temps d’apprécier les choses. Cela s’applique ici fort bien et, finalement, le système de bateaux, s’il se met en place tard, est amplement suffisant à nos yeux. Sans compter qu’il est rendu logique par une remarque pertinente de Weiss concernant la téléportation, on n’en dit pas plus.

NieR Replicant 1.22 fait tout mieux que son modèle

image kaine nier replicant 1.22

Ah, Kainé…

NieR Replicant 1.22 gagne aussi en durée de vie, notamment grâce à la présence d’un bonus de contenu très sympathique. Oui, il a fuité dans une vidéo officielle dont l’intérêt nous échappe tant la surprise nous paraissait importante à préserver. Sachez donc que vous pourrez vous lancer dans une quinzaine de petits niveaux qu’il faut nettoyer de leurs ennemis, avec à la clé des récompenses en armes et costumes. Rappelons ici que les développeurs ont annoncé que le DLC 4 YoRHa, comprenant les tenues de NieR Automata, ne sera payant. Espérons que d’autres bonus gratuits à jouer seront au rendez-vous, à l’avenir. En tout cas, on pourra tout de même émettre ici un regret : dommage que cette édition n’ait pas été l’occasion d’ajouter un carnet de bord plus conséquent. Pourtant, il aurait été judicieux, après la toute dernière fin obtenue, de pouvoir mettre la main sur des documents détaillants le Projet Gestalt, cette montée en puissance qui accoucha de l’action du jeu. En l’étant, on a tout de même les habituelles histoires liées aux armes, toujours aussi intéressantes et à débloquer en améliorant, chez le malheureux Gideon les différentes lames grâce au loot.

La technique, quant à elle, change aussi drastiquement la donne pour qui a connu la version 2010. Si vous lisez le contraire, vous saurez que le rédacteur n’y a pas joué, c’est une certitude. Là encore, on sent que l’intention était d’atteindre une sorte d’unité avec ce qu’on a connu dans NieR Automata. Certes, c’est donc loin d’être un foudre de guerre, on remarque du pop de décors par exemple. Mais on est tout de même face à une révolution du jeu d’origine : les modèles 3D ont tous gagné en précision, les effets de lumière ne sont même pas comparables, et surtout ils apparaissent à longue distance. C’est fluide au possible, 60fps constant et là encore c’est un apport majeur. Les animations ont aussi évolué, on apprécie par exemple ces petites ombres tentant de se relever après avoir été renversés. Le sanglier, moyen de locomotion sur certaines cartes, aurait tout de même eu besoin d’un peu plus de finition dans ses mouvements, mais rien de bien grave.

Enfin, impossible de ne pas aborder le domaine sonore, si important pour les fans du jeu d’origine. La bande originale de NieR RepliCant figure effectivement dans les plus belles à ce jour, et l’on attendait de NieR Replicant 1.22 qu’il sauvegarde au moins cet état de fait. Bonne nouvelle, le résultat fait mieux que ça avec des revisites, toujours menées par le trop rare Keiichi Okabe, et quelques inédits à la clé. Notamment celui, mémorable, dédié au segment de Louise. Tous les morceaux ont donc été ré-orchestrés, et même parfois allongés. On pense notamment au thème Emil Sacrifice qui gagne encore en émotion. D’autres morceaux pourront paraître plus équilibrés entre les voix et les instruments, avec une petite perte en terme de percussion au passage. Mais globalement, c’est bien une OST perfectionnée qu’on découvre là. Le constat est identique pour les doublages : ils ont tous été ré-enregistré avec un très grand soin. On retrouve donc un doublage anglais qui, pour une fois, mérite qu’on les sélectionne. Même si, entre nous, les voix japonaises restent au-dessus.

Conclusion

On l’attendait depuis des années, et NieR Replicant 1.22 tient toutes ses promesses. Version augmentée d’un jeu devenu culte avec le temps, cette édition fait tout mieux que son modèle. L’histoire est admirablement complétée d’éléments scénaristiques pleins de sens, le gameplay est enfin agréable, la musique a eu droit à un traitement de reine, et la technique se révèle en droite lignée de NieR Automata. On note aussi des combats de boss qui gagnent en spectacle épique. Malgré une structure qui ne peut cacher le poids des années, voire même une absence remarquée d’un carnet de bord plus costaud, on sort de cette expérience conquis, en demande d’autres jeux développants cet univers décidément passionnant.

17 /20
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